La chronique de Maélys : le métier de correcteur.ice
- pierrehyppolite
- 11 oct. 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 juil. 2022
En août dernier sortait le livre Correcteurs et correctrices, entre prestige et précarité. Avec ce titre, Guillaume Goutte, représentant des correcteurs au Syndicat du livre CGT, nous interpelle sur le paradoxe d’une profession.
Le problème débute en 2009, avec le développement de autoentrepreneuriat ; alors qu’on pouvait s’attendre à ce qu’être son propre patron soit le début de la liberté, ce fut, pour les correcteurs, un saut dans la précarité. Pas de contrat, des fiches de paye à 0€… Les correcteurs sont devenus des travailleurs jetables, sans protection aucune du Code du Travail. L’indépendance est vite devenue exploitation. En janvier 2020, le rapport racine du Ministère de la Culture, sur les mutations des activités de création, a révélé que l’Agessa (l’Association pour la gestion de la sécurité sociale des auteurs) n’avait pas prélevé les cotisations retraites des correcteurs alors payés en droits d’auteurs plutôt que par salaire… Des travailleurs qui pensaient avoir cotisé se retrouvent aujourd’hui avec des trous de cotisations étalés parfois sur une dizaine d’années.
Le combat qu’a mené la CGT contre le recours à l’Agessa pour le paiement des correcteurs dans l’édition, qui a commencé dès les années 2000 avec plusieurs condamnations de grands groupes éditoriaux comme Gallimard ou Editis, s’est vu étouffé et substitué par la création du micro-entrepreuneuriat en 2009 par Sarkozy.
Nouvelle formule, autres problèmes. Comme l’explique Guillaume Goutte dans son livre, « le chantage était simple : soit la correctrice ou le correcteur passait à l’autoentreprise, soit son employeur cessait de lui fournir du travail – puisque le statut de travailleur à domicile ne l’y obligeait pas ». Il est bien curieux que l’édition traite ainsi ses correcteurs, dont la qualité du travail fait pourtant office de vitrine d’une maison. En été dernier, la maison DeSaxus s’est effectivement pris un tollé sur les réseaux sociaux après que de multiples fautes de corrections et/ou de traductions ont été découvertes dans leurs parutions. Résultat, une équipe virée et une demande massive de CV de correcteurs et traducteurs, et une perte de confiance d’une grande partie de leurs lecteurs.
En bref, la microentreprise, volontaire ou non, est surtout une fausse indépendance pour les correcteurs.



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