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Florence Paravy

Professeure d'écriture créative du M1

Comment je suis devenue professeur ?

J’ai longtemps cru que c’était un peu par hasard. Munie d’une maîtrise d’Allemand et d’une licence de Lettres, j’ai passé les concours de l’enseignement, « juste pour voir », pensais-je à l’époque. Ils étaient censés être tellement difficiles que je ne m’attendais nullement à réussir dès la première tentative. J’étais jeune et un peu écervelée, j’avais abordé les épreuves de façon tout à fait décontractée et je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait en cas de réussite. Je me suis retrouvée stagiaire devant des classes de collège, plutôt perdue et relativement incapable de faire face. Mais une année a suffi à me faire grandir. Et peu à peu je me suis aperçue qu’il n’y avait pas de hasard, que j’adorais enseigner et que mes souvenirs d’école le disaient déjà : la grande bavarde que j’étais se jetait sur toutes les propositions d’exposé, car si je m’ennuyais souvent quand j’en étais réduite à seulement écouter, j’étais toujours enthousiaste à l’idée de faire des recherches et d’en transmettre ensuite les résultats à mes camarades, de la façon la plus vivante et la plus efficace possible. Passionnée à la fois par la littérature et par l’enseignement, j’ai donc poursuivi jusqu’au doctorat pour pouvoir accéder à l’enseignement supérieur. Finalement, depuis la maternelle, je n’ai jamais quitté l’école et je n’ai aucun regret, bien au contraire !

Mon cours d’écriture créative

Ce cours est très particulier : il est à cheval entre deux mondes, deux pratiques, deux types d’enjeux et c’est ce qui le rend un peu compliqué, mais aussi passionnant à assurer. D’un côté, c’est un atelier d’écriture, comme ceux qui se pratiquent hors des murs de l’Université et des institutions académiques. Il est censé procurer du plaisir, éveiller des talents, solliciter l’imagination et susciter des émotions, donner à chacun et chacune la possibilité de s’exprimer par la voie de l’écriture littéraire, fonder un groupe soudé par une création à la fois individuelle et collective, être un lieu de créativité et de partage. Mais dans la mesure où cet atelier s’inscrit dans un cursus universitaire, il a aussi des objectifs pédagogiques plus « cadrés » et plus« encadrés ». D’un côté, il s’agit de combler certaines lacunes en matière de langue (orthographe, syntaxe, etc.), de faire prendre conscience aux étudiant.e.s qu’ils.elles ont encore du chemin à parcourir sur ce plan, de les pousser à être plus vigilant.e.s, à vérifier et corriger autant que faire se peut tout ce qu’ils.elles écrivent. Par ailleurs, comme le cours fait partie d’une formation menant à des carrières dans le secteur de l’édition, il est important de placer les étudiant.e.s en position d’auteur : ils.elles expérimentent alors les affres et les plaisirs de la création, affrontent l’épreuve – parfois douloureuse – de la critique et la nécessité de revoir leur texte en fonction d’un regard extérieur qui – je l’avoue – ne laisse pas passer grand-chose. On peut espérer que cela les aidera, dans leur futur métier, à comprendre mais aussi à « manier » des auteurs parfois capricieux, susceptibles, obstinés ou au contraire hésitants, peu sûrs d’eux, angoissés. Le souvenir de ce bref passage par la case « auteur » sera en cela bénéfique.

Le confinement et la crise sanitaire

Dans notre métier, qui est avant tout un métier de contact et en même temps un métier solitaire parce que nous passons beaucoup de temps à travailler seuls à domicile, le confinement a été une accentuation pénible du deuxième aspect et une privation tout aussi pénible du premier. Le fait de travailler en distanciel a donné lieu à un gros travail de gestion de documents (à rédiger et mettre en ligne ; à recevoir, classer, répertorier, imprimer…) qui était d’un ennui mortel ! Dans le cadre du cours d’écriture créative, j’ai d’ailleurs reçu beaucoup plus de textes ou de versions d’un même texte que d’habitude : les années précédentes, les textes m’étaient remis en mains propres lors des séances de cours. Cela en limitait nécessairement le nombre. Cette année, en recevant tout par mail, j’ai ouvert la porte à un flux quasi continu qui m’a passablement épuisée… En même temps, j’ai trouvé que les séances en visio créaient paradoxalement entre enseignante et étudiant.e.s une forme de proximité supérieure, que je ne saurais expliquer. Le fait d’avoir communiqué par téléphone avec bon nombre d’entre vous a également contribué à cette proximité accrue. Et les séances en visio avaient aussi une « élasticité » horaire qui a fait que certains entretiens individuels ont largement débordé du créneau imparti au cours, chose que nous n’aurions guère pu faire dans les locaux de l’université.

Un dernier mot pour vous

J’ai été ravie de travailler avec vous, de lire vos textes souvent talentueux, de vous aider à les concevoir, les peaufiner et les parfaire : je les garde précieusement dans mon cher ordinateur. Ma vieille imprimante souffreteuse vous salue avec sympathie, ainsi que mon Robert, mon Bescherelle et ce bon vieux TILF dont vous avez enfin découvert l’usage (du moins je l’espère !). Je ris encore en pensant aux textes satiriques que vous avez écrits sur moi et mes innombrables manies, lors de la dernière séance ! 

Je vous souhaite de ne plus avoir à subir une année en visio, de retrouver toutes les joies qui accompagnent la jeunesse (quel que soit l’âge…), de poursuivre avec bonheur sur la voie qui est la vôtre et, à l’issue de votre formation, de trouver dans le métier que vous aurez choisi autant de plaisir et de passion que j’en trouve dans le mien.

Paravy: Projets

Université Paris Nanterre

UFR PHILLIA

200 avenue de la République
92001 Nanterre Cedex

©2022 par les étudiants du Master HIC CORED Université Paris Nanterre (92)

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